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Yann et Ludovic ou l'entrepreneuriat vu au travers de leurs quatre yeux

résumé

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Yann Ouvrard : Je suis photographe auto-entrepreneur depuis deux ans. Dans mon parcours, j’ai d’abord fait une formation quadrilingue, puis les beaux-arts. Après mes études, j’ai trouvé un travail et je me suis lancé en parallèle dans la photo. Je suis désormais à plein temps, ce qui me permet de démarcher davantage et d’avoir de nouvelles opportunités.

Les deux yeux photographes Yann Ouvrard

Ludovic Le Guiader : J’ai un BEP-CAP mécanicien poids lourds. J’ai fait cinq ans d’armée et j’ai été routier pendant onze ans. J’ai arrêté il y a un an pour me lancer avec Yann dans "Les Deux Yeux Photographes".

En tant que photographes, vous avez couvert plusieurs événements liés à l’entrepreneuriat. C’est un sujet qui vous touche particulièrement ?

Y : Ça nous a semblé pertinent très vite. Pour le premier Startup Weekend par exemple (les Startup Weekends réunissent des entrepreneurs en herbe de différents horizons), on pensait que ça serait 100% boulot… Mais avoir pu écouter les workshops et les pitchs sur place, était vraiment intéressant. Il en va de même pour le lancement d’ Entrepreneuze. Nous avons pu échanger avec beaucoup de personnes. On aime le contact, discuter avec les gens, découvrir de nouveaux profils...

L : Ce milieu-là est très stimulant. En rentrant le soir du premier Startup Weekend, on s’est dit : « Il faut qu’on trouve une idée, quelque chose qui n’existe pas encore dans la photo.»

Qu’est-ce qui vous a poussés à entreprendre et pourquoi dans le domaine de la photographie ?

Y : Personnellement, dès que j’ai eu l’occasion d’acheter un appareil photo, je me suis essayé à plein de choses. De fil en aiguille, cela a occasionné des opportunités, les gens venaient plus facilement vers moi car ils avaient compris que ça me plaisait. J’étais lassé d’avoir un travail à côté et de laisser ma fibre artistique au second plan. Donc, au bout de neuf ans dans mon ancienne entreprise, j’ai décidé de me jeter à l’eau. Je préférais avoir des regrets que des remords.

L : J’ai toujours aimé la photographie. Je pense avoir pris quelques bonnes photos auparavant. Quand j’ai rencontré Yann, il m’a transmis sa passion. Je n’avais plus envie de continuer mon métier de routier, car j’étais absent la semaine. J’ai donc pensé que ce serait une bonne idée de se lancer à deux. En faisant des photos ensemble, ça m’a également donné envie d’avoir mon propre angle de vue, mon cadrage...

Comment est né Les Deux Yeux Photographes ?

Les deux yeux photographes Ludovic Le Guiader

L : C’était il y a un an. Nous voulions faire de notre passion commune un projet. On a un parti-pris : retoucher au minimum nos photos pour être au plus près du réel. Et le fait d’être deux n’est pas quelque chose de commun. Par exemple, être à deux sur un mariage nous permet de suivre les deux mariés.

Y : C’est une plus-value qu’on n’a pas beaucoup trouvée autour de nous, même si au final, cela se limite principalement à de l’événementiel. Cela nous plaît de travailler sur un même sujet sans avoir le même résultat. A quelques secondes près, on peut avoir des rendus complètement différents.

Quels obstacles rencontrez-vous dans votre aventure entrepreneuriale ?

Y : Il y a la difficulté de se prélever deux salaires en tant que photographes. Le manque de visibilité aussi, même si j’ai mon petit réseau que je peux transposer à notre activité avec les Deux Yeux.

L : Si nous avions plus de fonds, nous pourrions avoir un studio, ce qui nous permettrait d’être davantage connus… Pour le moment, tout se joue sur les réseaux sociaux et par le bouche à oreille. Cette année, c’est notre premier été et première grosse saison. Le Startup Weekend et WeForge (pépinières de start up à Angers) ont créé des opportunités. Depuis six mois, nous avons pas mal travaillé, même si nous n’en vivons pas encore. On se concentre sur les portraits et l’événementiel mais c’est assez saisonnier et il faut donc trouver d’autres choses, comme des expos.

Pensez-vous que les hommes et les femmes sont égaux face à l’entrepreneuriat ?

Y : Les femmes mettent de plus en plus les pieds dans la fourmilière, même si je trouve qu’il y a encore beaucoup de différences entre les hommes et les femmes. Dans le domaine artistique, il y a de plus en plus de femmes qui revendiquent une féminité dans leur travail. Le fait qu’elles soient « femmes photographes », au travers du hashtag #WomanPhotographer par exemple. Elles revendiquent aussi leur touche de sensibilité et osent plus de romantisme, ce qui est propice au milieu artistique. Ce qui peut souvent freiner les femmes quand elles démarchent, c’est qu’on remette en cause leur capacité à gérer le stress et la charge de travail. Mais c’est quelque chose de moins flagrant dans le milieu artistique.

Justement, est-ce que la légitimité est un problème pour vous ?

Les deux yeux photographes Startup Week-end chez WeForge Angers

L : Pour ma part, j’ai toujours su que Yann avait plus d’expérience que moi, mais il m’a appris beaucoup de choses.

Y : Au début du projet, je me suis rendu compte que ce qu’expérimentait Ludovic, c’était des choses que je n’osais plus vraiment faire. Il avait un œil plus neuf, n’avait pas peur de rater, il essayait. Il y a certains résultats qui l’ont surpris lui-même. Mais les retours positifs nous encouragent énormément.

Le thème du mois traite du numérique dans l’entreprise, et notamment des enjeux du numérique et de l’entrepreneuriat des femmes : que pensez-vous de la place des femmes dans ce domaine ?

L : C’est vrai que dans le domaine informatique, j’avais moi-même l’impression que c’était plus un domaine masculin. C’était peut-être une vision très patriarcale… Mais à force d’événements et de rencontres, j’ai réalisé que les femmes étaient nombreuses dans ce domaine, cependant elles sont beaucoup moins visibles que les hommes.

Qu'est-ce qui selon vous peut faciliter l'entrepreneuriat des femmes ?

Dans certains domaines, c’est peut-être plus difficile pour les femmes, par exemple ceux qu’on étiquette « masculins ». Il y aurait peut-être des choses à faire là-dessus, augmenter leur visibilité, les accompagner davantage... Le problème, c’est de trouver le juste milieu, aider les femmes sans marquer de différences. Mais l’un comme l’autre, on est d’accord à 100% sur le fait que l’entrepreneuriat ne doit pas se limiter aux hommes. Ça ne doit pas passer par une revendication mais par une cohésion.

 

Par Mélanie Carrière

Crédit photos Les Deux Yeux Photographes

 

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Par Bérengère Soyer
Crédits photos Interface et Bleue

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