Dans un monde où la question du recrutement est de plus en plus problématique pour les entreprises et pour les candidats, les jeunes start-ups et TPE/PME n'ont pas attendu pour se réinventer et proposer de nouvelles alternatives. A l'instar de Welcome to the Jungle qui offre une nouvelle façon de trouver un emploi ou recruter un candidat, il faut que les recruteurs élargissent leurs horizons et aillent vers des profils plus diversifiés. Ces changements passent, ET par les grandes écoles (HEC, Audencia, les Business School, écoles d'ingénieurs etc.) qui doivent cibler plus de candidatEs à l'entrée, en réinventant leurs codes et leurs éléments de langage notamment. ET par les entreprises recrutantes qui doivent ouvrir leur champ des possibles, en ne ciblant plus uniquement ces grandes écoles mais aussi les parcours plus atypiques où les compétences et les profils d'expertes ne manquent pas.
En effet, il devient impératif que les acteurs de la finance se fassent accompagner ou conseiller sur les enjeux de la diversité et le déployement de leur politique de mixité afin de permettre aux femmes d'intégrer leur monde. Comme le rappelle, Florence Picard membre du Haut Conseil de l'Institut des Actuaires:
"Avant 1965, les femmes vivaient dans un monde d'interdits et non pas de freins !".
Pour rappel, c'est en 1965 que pour la première fois les femmes ont le droit de travailler et d'ouvrir un compte bancaire seule. Puis en 1967 que pour la première fois la Bourse est autorisée et ouverte aux femmes. Retrouvez notre article sur le sujet ici.
Il y a donc de très nombreux langages et codes à détricoter encore en 2021 ! Notamment dans le monde bancaire.
... à une époque où les femmes en était totalement absentes !
En cela, il est normal que les codes et le langage financier ne "parlent" pas aux femmes et aux jeunes filles d'aujourd'hui. Le vocabulaire ou les expressions de ce monde sont encore trop assimilés au champ lexical de la guerre, de la menace ou du danger:
le monopole, la tactique, les enchères, la frontière, le cartel, un capital-risque, une arrière-garde, l'abandon, la dépréciation, une exécution, des obligations, un ordre, une position forcée, une position longue, une position ouverte, des pertes, des abus, une manipulation, accaparer, à cheval, acheter au son du canon ou encore à cours touché. Et on ne parle même pas des expressions anglophones telles que "weather and catastrophe derivatives" ou encore "widow and orphan investment" !
En somme, des termes dans lesquels peu de femme peut se retrouver ou auxquels elles n'arrivent pas à s'identifier, tout simplement. Au risque de "faire comme" les hommes au détriment de leur nature profonde.
Des femmes, telles que notre interviewée; Isabelle Pitto, ont réussi cependant à gravir les échelons et à briser le plafond de verre sans pour autant avoir à renier leur genre. Isabelle Pitto, est devenue directrice générale du Credit Mutuel Anjou il y a un peu plus de 13 ans. Après avoir affronté des freins, à l'époque, qui étaient avant tout les siens.
"Allais-je être capable de concilier vie perso et vie professionnelle ?"
En 2007, un an avant la crise des subprimes, elle présente son projet au conseil d'administration du Crédit Mutuel Anjou. A l'époque plutôt utopique et peu banal : mettre l'Homme au coeur de l'organisation et la force des technologies au service du développement des projets de vie des sociétaires-clients, qu'ils soient professionnels ou particuliers.
Alors, femme, épouse et mère de famille, elle est engagée dans ses fonctions et croit fermement au projet qu'elle propose à son entreprise. Ainsi, elle pose d'emblée sur la table ses règles et impose dès lors, sa priorité première : sa famille et ses trois enfants, alors encore en bas âge.
Il est inconcevable pour elle d'avoir à renoncer à son rôle de mère en prenant un poste de direction générale.
"Je ne voulais pas l'un ou l'autre, je voulais les deux."
Au même titre qu'elle s'engageait à respecter son poste de directrice générale, elle a demandé que l'on respecte son engagement de mère. C'est alors avec ces prérogatives qu'elle a finalement été élue à l'unanimité. Est-ce que la crise de 2008 a été porteuse ou au contraire une entrave dans son poste de DG ? Isabelle Pitto répond : "derrière une crise il y a toujours une opportunité de se demander ce que l'on veut vraiment !". Comme un pied de nez à son genre, cette opportunité de carrière a été l'occasion pour elle de s'épanouir dans chaque pan de sa vie. Sa motivation ? Les projets pilotés en association avec les salariés, les élus, les partenaires et les territoires. "Pour être en mesure d'assurer tous les rôles, il faut savoir déléguer, il faut faire confiance à son équipe" rappelle t-elle. Quel que soit son genre, semble t-elle nous dire, nous ne sommes jamais seul.e. Pour réussir, il faut être dans une démarche participative. La volonté de lever les freins et aussi changer les organisations quelles qu'elles soient, ne sont plus uniquement des revendications féminines mais également une volonté des hommes et des jeunes pères de famille. La libération de la parole concernant l'équilibre vie pro/vie perso est universelle. L'important dans son engagement au quotidien est le sens apporté à son action et le collectif, avec et pour qui l'on agit, que ce soit dans la sphère professionnelle ou personnelle !
A bon entendeur.e donc !