Entreprendre

Apprivoiser l'argent pour compter dans l'économie

En juin dernier est sortie la première édition de l'étude quantitative: l'Observatoire BNP Paribas de l'Entrepreneuriat Féminin. Cette étude réalisée par le cabinet Occurrence et marrainée par Marlène Schiappa, Secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, visait à mesurer précisément la situation des femmes entrepreneures en France. Afin de pouvoir les accompagner efficacement avec un diagnostic précis.

Nous nous sommes procurés cette étude. Et pour répondre le mieux possible à nos interrogations (et aux vôtres !) nous avons contacté Céline Mas, associée de Occurrence et Présidente de ONU Femmes France. Céline Mas est, depuis vingt ans, très engagée pour l'égalité hommes-femmes.

On le sait, seulement 36% des entrepreneurs en France sont des femmes. Parmi ces femmes huit sur dix créent leur entreprise avec leurs propres économies. Dans une situation où une entreprise a besoin de fonds pour se développer et créer de la richesse, comment, à ce rythme là, voulons-nous compter dans l'économie nationale et internationale !

 

Comment procéder pour inverser la tendance, et faire que les entreprises construites par les femmes, pèsent dans l'économie ?

Céline Mas nous explique qu'historiquement, le rapport des femmes avec l'argent est biaisé. Ce n'est qu'en 1965 en effet que nous avons obtenu le droit d'ouvrir un compte bancaire sans l'accord de nos maris ou nos pères; "53 ans à l'échelle de l'Histoire ce n'est rien !" rappelle Céline Mas. C'est en partie ce rapport à l'argent, construit par l'Histoire, qui influence fortement les pratiques financières des femmes, encore aujourd'hui.

Lorsqu'elles se lancent dans le business plan de leur future entreprise, seulement 10% d'entre elles font appel à un prêt bancaire. Et seulement 7% font une levée de fonds. La peur de l'échec financier et la peur de ne pas dégager assez d'argent sont les freins les plus omniprésents chez les femmes entrepreneures. Céline Mas explique cette problématique par l' "autarcie économique" à laquelle les femmes pensent culturellement être cantonnées. De plus, les codes, les lois, le langage propres au monde de la finance ne sont pas toujours facile d'accès pour des non-initiées.

Comment donc remédier à ce problème et permettre aux femmes de "s'armer" face à la sphère financière ?

"Il y a une réelle question d'éducation à faire sur ces sujets techniques" nous explique Céline Mas. Et de continuer: "Il faut démystifier le monde de la finance en expliquant qu'il peut être accessible en prodiguant la culture générale essentielle à l'accès. Il faut que les investisseurs puissent se féminiser et que le système se décloisonne".

Est-ce que ces résolutions suffiront à pousser les entrepreneures vers les financements ? La notion de pédagogie est prépondérante dans le propos de Céline Mas. Les règles du jeu, très masculinisées, des banques, des fonds d'investissements et autres business angels doivent être démocratisées et les cartes redistribuées entres les hommes et les femmes. Afin que ces dernières puissent se familiariser et s'approprier de plus en plus ce qui était, jusqu'à présent, réservé aux hommes. Et de conclure sur cette phrase qui nous conforte dans notre vision: "on ne peut pas penser l'égalité, ni la construire dans le réel, sans inclure les hommes".

Alors quelles solutions dans un futur proche ?

Selon Céline Mas, l'éducation et la formation seraient les clés d'un changement et particulièrement la formation à la finance. Cet aspect financier apparait comme les principales difficultés des femmes entrepreneures en amont de la création, pendant la création et en aval. C'est pourquoi BNP Paribas, aurait annoncer une enveloppe de deux milliards d'euros pour accompagner les projets de développement des entrepreneuses. La banque voudrait initier également des signatures de plans d'actions avec leurs partenaires dans les 13 régions de France métropolitaine.

La Caisse d'Épargne avait aussi mis en place, l'année dernière, en 2017, un accord-cadre signé avec l'Etat en la personne de Marlène Schiappa. Cet accord prévoit de favoriser entre 2018 et 2020 l’accompagnement à la création ou reprise d’entreprises par des femmes, le développement d’outils financiers adaptés, un accent porté sur les territoires fragiles et les publics jeunes et enfin la valorisation de l’entrepreneuriat au féminin par des actions de sensibilisation, de formation et de communication.

Alors mesdames, n'hésitez plus à vous faire accompagner mais surtout à vous former aux techniques de la finance, au vocabulaire. Que l'argent et tout son lexique n'aient plus de secret pour vous. Voyez grand lors de vos business plans. N'ayez pas peur de demander plus que prévu. L'argent n'est pas sale et la finance n'est pas hors de portée !

 

Par Bérengère Soyer
Crédits photos Pixabay

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