Portraits

Véronique et Philippe Cougé, la force du duo

Forts d’une expérience de 25 ans dans l’entrepreneuriat, Véronique et Philippe Cougé sont bien connus de l’écosystème angevin. De franchisés à franchiseurs, ils ont su créer avec Gamecash et MediaClinic deux entreprises reconnues sur le marché de l’occasion. Entreprendre à deux, c’est ce qui fait leur force. Ils reviennent aujourd’hui sur les débuts de Gamecash, et les leçons tirées de leur parcours.

L’entrepreneuriat, c’était une évidence pour vous deux ?

Véronique Cougé : Ça a plutôt été un concours de circonstances. A l’époque (1993), les prix des jeux tournaient autour de 600F (environ 90€), c’était compliqué d’acheter neuf. Philippe a alors eu l’idée d’un magasin d’achat-revente.

On a eu l’occasion d’être en contact avec les créateurs de l’enseigne Dock Games, qui avaient leur premier magasin et qui souhaitaient se lancer en franchise.

J’ai une famille d’entrepreneurs, donc ça ne m’effrayait pas plus que ça, même si je sortais des études. Du côté de Philippe, c’était un peu plus compliqué puisque ses parents étaient professeurs. Ça leur faisait peur, mais ils nous ont soutenus.

Même les franchiseurs à l’époque ne savaient pas trop s’il y avait un avenir dans le jeu vidéo. Finalement… on est toujours là !

Philippe est souvent mis en avant dans les médias : volonté ou simplification ?

Véronique Cougé : Pour ma part, je n’aime pas spécialement me mettre en avant, donc je ne me sens pas pénalisée.

Philippe Cougé : Néanmoins, je suis ultra sollicité et je pense que Véronique ne l’est pas assez. A un moment donné, la simplification fait que les journalistes ne veulent qu’une personne pour incarner la marque, rarement deux.

On oublie trop souvent que toutes les décisions sont prises à deux, que les dossiers sont montés à deux, que les risques sont partagés à deux et que tout seul, je n’en ferais pas la moitié.

En France, je pense qu’il y a un problème avec la femme dirigeante. Ça peut paraître bizarre de dire ça en 2019 mais à mon avis, c’est une réalité.

Quelles sont les discussions à la maison quand on entreprend à deux dans la même société ?

P : On a une disponibilité qu’aucun associé ne peut avoir, mais le revers de la médaille, c’est qu’il faut être d’accord sur les questions pros et privées, qui sont entremêlées. On n’a jamais vraiment de vacances, intellectuellement parlant.

V : Volontairement, on a toujours la curiosité d’aller voir ce qui se fait ailleurs. Mais à côté, on est également sollicités en permanence.

Pourquoi avoir voulu créer votre propre franchise suite à l’aventure Dock Games ?

V : On avait des orientations différentes : ils restaient, entre autres, très axés sur le neuf et internet, ça ne leur parlait pas. Finalement, on n’était plus en phase avec la stratégie.

P : Au début, on ne s’est pas dit qu’on allait faire de la franchise. Avec les standards de qualité mis en place chez Dock Games, on a, sans s’en rendre compte, monté quelque chose de scalable (capacité de développer massivement son volume d’activité afin de réaliser des économies d’échelle).

Si je prends du recul, tout le monde disait du premier Gamecash (2003) que ça ressemblait à de la franchise. On avait effectivement repris tous les codes qu’on connaissait : mobilier, communication, outils…

Ensuite, des gens ont demandé à nous rejoindre. Mais normalement, ce n’est jamais la demande des autres qui doit lancer un réseau de franchise, il faut être prêt. Au début, on a appris sur le tas. La franchise Gamecash telle qu’on l’entend maintenant est vraiment née en 2012/2013.

C’est ce recul qui vous a permis de lancer MediaClinic l’année dernière ?

P : On a fait le lancement de MediaClinic avec les mêmes méthodes que Gamecash mais aujourd’hui, on fonctionne complètement différemment. On réalise qu’une méthode égale une marque.

Ce qui fonctionne dans le gaming ne fonctionne pas forcément avec du multimédia reconditionné. On est en train de séparer le savoir-faire Gamecash de celui qu’on crée pour MediaClinic.

Comment fait-on perdurer les valeurs dans une franchise ?

P : Les valeurs, tu y adhères quand tu signes ton contrat.

Par contre, il faut faire confiance à la marque et se remettre en question pour évoluer dans la durée. Nous, on est là pour voir où va le marché, ce qu’attendent les clients, pour faire des adaptations et ajustements. Ça peut être sur la communication, l'événementiel, le design…

V : Si le franchisé est capable d’écouter et de se remettre en question, ça fonctionne. S’il te dit qu’il a toujours fait comme ça et qu’il n’y a pas de raison de changer, ça devient problématique.

Quels sont les “prérequis” pour se lancer en tant que franchisé ?

V : Il faut des gens qui ont l’esprit d’entreprendre et qui savent que lorsqu'ils ouvrent un magasin, ils portent leurs propres risques. Il ne s’agit pas d’être geek. On en a eu au début mais ça n’a pas fonctionné, puisqu’il faut savoir gérer un commerce, être disponible pour les clients, etc.

Pour démarrer, il faut bien se renseigner sur le franchiseur, comprendre le concept, les valeurs, et être à l’écoute.

Vous avez beaucoup de femmes dans le réseau ?

P : Au siège, on a six femmes sur quatorze postes. Mais c’est compliqué de trouver des gameuses avec des compétences commerciales, et qui ont envie de se lancer là-dedans.

V : On a seulement trois femmes franchisées. Soit elles n’osent pas postuler, en se disant que dans le jeu vidéo, on va plutôt chercher des hommes. Soit dans ce milieu-là, il n’y a pas énormément de femmes vendeuses.

Puisque vous n’arrêtez jamais… des nouveaux projets à venir ?

V : Je pense que Philippe aimerait peut-être faire du conseil. C’est son truc, il n’arrêtera jamais. Moi, les jeux vidéo, la technologie… je pense que ça va !

P : Il y a des jours où je me lève et je voudrais travailler sur tous les marchés d’occasion. Demain, j’aimerais bien au moins organiser ce marché, mais on ne peut pas tout faire.

V : Dans une autre vie peut-être…

Par Mélanie Carrière
Crédits photos : Entrepreneuze

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