Échouer, c’est gagné !

Votre entreprise, c’est comme votre bébé, vous y mettez votre temps, votre énergie, vos économies, sinon toute votre âme, vous la rêvez parfaite, à la hauteur de vos ambitions, et peut-être même que vous avez imaginé ce projet pendant des années avant de vous lancer… Alors, vous n’avez pas le droit à l’erreur, non ? Et pourtant, les statistiques sont formelles : la moitié des entreprises ont à leur création une espérance de vie n’excédant pas 5 ans (INSEE 2011) … Ce constat doit-il vous empêcher de vous lancer pour autant ? Bien sûr que non ! Seulement, nous n’apprenons pas à échouer... Notre système éducatif comme les valeurs de notre société condamnent l’échec et les personnes qui se trompent, tandis qu’au contraire, la perfection et le succès sont valorisés à grand coup de note sur 20 comme de projecteur sur l’entrepreneur de l’année ! Une injonction à la réussite qui met sur nos épaules d’entrepreneuses encore plus de pression…

Et pourtant, regardez les tous petits qui font leurs premiers pas : pour réussir à marcher, il faut tomber, il faut se relever, et recommencer… « L’échec est le fondement de la réussite » disait le sage Lao-Tseu. Et si, nous aussi, on s’autorisait à échouer …

1/ LÂCHER-PRISE

échouerDans le monde dans lequel nous vivons, de plus en plus incertain, de plus en plus complexe (il n’y a qu’à voir la réglementation à surmonter pour créer son entreprise !) où tout va très vite, de nombreux facteurs extérieurs ne dépendent pas de vous et peuvent faire « mal tourner » votre projet ou votre entreprise…

Bien sûr, il ne s’agit pas d’être pessimiste, mais juste d’avoir à l’esprit que l’échec est une possibilité et de l’envisager. Être capable de lâcher-prise, c’est en quelque sorte accepter dès le départ que vous ne pourrez de toutes façons pas contrôler ni même maîtriser la totalité de votre aventure entrepreneuriale, c’est aussi une façon de pas surinvestir votre projet, que ce soit matériellement, financièrement ou encore émotionnellement. Certaines iront peut-être jusqu’à se projeter : « que vais-je faire si cela ne marche pas, si mon projet ne décolle pas, si après plusieurs mois, ma petite entreprise boit le bouillon… ? », elles imagineront éventuellement un plan B, une porte de sortie, un « au cas où » … Mais là encore, même si le fait d’avoir un scénario de sortie en tête peut être rassurant pour vous et vous aider à envisager plus facilement l’échec, il n’en reste pas moins aussi incertain que votre projet initial !

Développer votre lâcher-prise ne veut donc pas dire imaginer que tout est perdu d’avance, mais juste d’adopter la posture de Nelson Mandela : « Je ne perds jamais, soit je gagne soit j’apprends », c’est-à-dire une attitude optimiste qui vous autorise à vous tromper, et ce, même si vous êtes persuadée (et votre étude de marché le confirme) du potentiel de votre projet d’entreprise !

2/ AGILITÉ

Complémentaire à l’idée de lâcher-prise qui invite à ne pas se crisper à tout prix sur son projet initial, l’agilité est sans doute un des savoir-être les plus valorisés de ces dernières années dans l’univers professionnel. Et pour cause, dans ce monde en transformation, avoir la bonne idée au bon moment ne suffit pas (même si c’est déjà un excellent début !) : il est nécessaire d’être à la fois rapide et agile sur son marché ! Ce sont d’ailleurs des forces caractéristiques des startup à succès que l’entrepreneur américain Eric Ries a rassemblé sous le concept de « lean startup » en 2008. Cette approche est en réalité adaptée à tous les projets d’entreprise et pas seulement aux petites structures innovantes et digitales. Elle repose sur plusieurs principes dont le premier est celui d’aller à la rencontre des "vrais" clients, de les écouter, pour comprendre leurs besoins et proposer une solution, un produit, un service qui réponde à un vrai problème. Ensuite, l’approche Lean invite à une conception minimaliste -en temps et en investissement- pour délivrer, sur le marché, ce que les startup appellent le MVP (Minimum Viable Product). On est sans doute loin du résultat léché, parfait, pensé dans le moindre détail, auquel vous avez rêvé pour votre projet, mais plutôt dans un produit brut à tester, à livrer en pâture à votre marché, à vos premiers clients pour bénéficier de leur feed-back, et réaliser s’il correspond réellement à leurs besoins.échouer

Dans cette logique, réaliser des adaptations, tester une autre piste si la première n’a pas fonctionné, itérer, apprendre de ses erreurs (le fameux « test and learn ») sont en réalité autant de chances pour votre entreprise … Il se peut même qu’au cours de ces phases de tests et d’apprentissage, vous identifiez un autre besoin, connexe à votre projet initial, et qu’il vous invite à revisiter complètement votre approche : on parle alors de pivot. Un pivot peut tout aussi bien concerner le produit ou le modèle de business et il n’est pas rare de voir des startup pivoter plusieurs fois au cours de leurs premières années d’existence. La "méthode Lean", basée sur l'amélioration continue en optimisant les ressources mobilisées, via des tests à petites échelles, permet de développer votre capacité à pivoter, à faire preuve d’agilité (et d’une bonne dose de lâcher-prise comme vu plus haut), à considérer vos échecs comme de nouveaux départs.

Tant que ça ne marche pas, testez d'autres voies, une façon de mettre en application la maxime de Winston Churchill :« Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme » !

3/ RÉSILIENCE

Si malgré votre agilité et votre capacité à lâcher-prise, votre petite entreprise est allée dans le mur, le troisième ingrédient qui fait de l’échec un succès est sans aucun doute la résilience. Du latin resilientia, de resiliens (capacité d'un corps, d'un organisme, d'une espèce, d'un système à surmonter une altération de son environnement), elle désigne la capacité d'un matériau à encaisser les chocs, le "fait de rebondir". On parle de résilience dans à peu près tous les domaines : en physique, la résilience est une propriété qui caractérise l'énergie absorbée par un corps lors d'une déformation, en économie, c’est la capacité à revenir sur la trajectoire de croissance après avoir encaissé un choc, en psychologie, elle désigne le phénomène consistant à pouvoir revenir d'un état de stress post-traumatique, etc.

échouerEn matière d’aventure entrepreneuriale, après un échec qui peut parfois représenter celui de tout un projet de vie, développer sa capacité de résilience, c’est à la fois être capable de faire son deuil du projet initial et préparer son rebond. A ce moment- là, savoir s’entourer est essentiel, ne pas rester seul pour faire le point, pour faire le bilan de vos erreurs : questionner autour de vous, vos proches, vos fournisseurs, vos partenaires, vos clients, … mieux que vous-même, ils vous aideront à distinguer ce qui dans votre échec relève de votre environnement (ex : effondrement du marché, contexte financier défavorable,...) de ce qui relève réellement de votre responsabilité personnelle (erreurs de gestion, mauvais choix, etc.). Car vous n’êtes pas le business model de votre entreprise !

Votre résilience dans cette période délicate repose aussi sur votre capacité à être attentif à de nouvelles opportunités, voire à les créer : ce monde est certes plus rapide, plus incertain, plus complexe, mais il laisse plus de place à la créativité et au partage des savoirs pour qui est prêt à faire quelques efforts ! Pensez à toutes les ressources en ligne auxquelles vous avez potentiellement accès, formez-vous, suivez des MOOC pour enrichir votre palette de compétences. Allez à la rencontre d’autres personnes via des Meet-up, des applications de networking, des réseaux associatifs présents sur le web (notamment l’association 60000 rebonds). De ces nouvelles rencontres et ressources vont germer de nouvelles pistes, de nouveaux projets. Et si votre banquier vous a tourné le dos, n’oubliez pas toutes les formes de financement collaboratives que permet le digital 😉 !

« L'échec est seulement l'opportunité de recommencer de façon plus intelligente » scandait l’industriel Henry Ford. Selon l’association 60000 rebonds, plus de 60% des entrepreneurs en faillite que l’association accompagne vont repartir avec un nouveau projet d’entreprise… Il y a de l’espoir non ?

Si cet article vous a convaincue que l’échec n’est qu’une partie de l’aventure et surement pas la fin, alors vous souscrirez surement à cette devise de l’auteur Samuel Beckett :

« Vous n'avez cessé d'essayer ? Vous n'avez cessé d'échouer ? Aucune importance ! Réessayez, échouez encore, échouez mieux ! »
 

Par Gaëlle Roudaut

Crédit photos Pixabay

 

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