Entreprendre

Chercher et trouver des financements sur la toile

En matière d’aventure entrepreneuriale, le sujet du financement est généralement récurrent. Au démarrage bien évidemment quand il s’agit d’amener des fonds propres à la structure, mais aussi lors des phases de croissance quand un apport en capital supplémentaire est utile pour mener à bien le lancement d’un nouveau produit, d’une action de recherche et développement, d’un lancement à l’international, autrement dit pour réaliser des investissements alors que la jeune entreprise peut justement se retrouver à cours de trésorerie…

Aller voir son banquier est une chose, mais parfois, la réponse entendue n’est pas celle attendue ! Les banques ne prêtent qu’aux riches, c’est bien connu… Quant aux investisseurs institutionnels et business angels, si votre projet n’a pas la « scalabilité » d’une start-up (comprenez croissance extrême et rentabilité), ils risquent de vous tourner le dos... Alors comment faire pour trouver les deniers manquants à vos premiers/prochains investissements ? Petit tour d’horizon des pistes à explorer …

Connaissez-vous le « love money », littéralement « argent de l’amour » ?

Également connu sous le nom de « 3F », pour "Friends", "Family" et "Fools", autrement les amis, la famille et les passionnés. Le love money implique proximité et confiance. Pendant longtemps, il s’appuyait sur le réseau de premier niveau (les 2 premiers F), et pour nombre d’entrepreneurs, le fait même de solliciter les proches, familles et amis, pour leur demander d’investir quelques économies dans le projet d’entreprise, était tout simplement inconcevable. Pudeur à parler d’argent en famille, crainte d’exposer les siens aux risques de son entreprise, mauvais ménage entre les finances et l’affect… Selon l’auteur et entrepreneur Stéphane Degonde (« J’ose Entreprendre », édition Le Passeur, 2015), près d’un quart des entrepreneurs n’ont pas osé aller chercher de l’argent auprès de leurs proches. Et pourtant, le système fiscal français y est plutôt favorable puisqu’il prévoit, sous certaines conditions, des réductions d’impôt sur le revenu (réduction d’impôt Madelin) et sur l’ISF, quand un particulier investit au sein d’une TPE/PME non cotée. Mais vous n’avez peut-être toujours pas envie de demander à votre tatie Jacqueline de mettre la main au porte-monnaie…

Crowdfunding : « les petits ruisseaux font les grandes rivières »

Plutôt que présenter les besoins en capitaux de votre projet entre la poire et le dessert, les plateformes d’intermédiation, basée sur le crowdfunding (littéralement « le financement par la foule ») peuvent être une bonne solution pour trouver quelques dizaines de milliers d'euros, réaliser vos premiers investissements et réussir votre phase d'amorçage. Les plus connues sont Kickstarter, le leader américain, mais aussi Ulule, Kisskissbankbank ou encore HelloAsso si votre projet relève du domaine associatif.

Réaliser votre appel de fond via ce type de plateforme vous permettra d’ouvrir plus largement le profil des investisseurs potentiels, bien sûr à votre famille, à vos amis, mais aussi à des relations indirectes, (d'où les 3F également traduites en français 3C « copains, cousins, cinglés » désignant les différents types d'investisseurs). En effet, ces plateformes vous permettent de communiquer de façon moderne et attractive sur votre projet, intégrant vos vidéos, logos, promesses de valeur, etc. Et de miser sur la viralité des réseaux sociaux pour recueillir des fonds. A partir de la plateforme de financement, vous partagez votre campagne de crowdfunding sur vos réseaux habituels, et permettre ainsi à tous les membres de votre réseau élargi de contribuer à partir de quelques euros (qu’ils peuvent payer en ligne). Et comme ils vous soutiennent, ils pourront en un clic partager autour d’eux votre projet et inviter leurs cercles élargis à faire de même, et ainsi de suite… C’est bien connu, les petits ruisseaux font les grandes rivières !

Et vous pouvez en contrepartie, offrir à tous vos généreux donateurs un petit cadeau symbolique (sticker, crayon, carte de remerciement, …) aux couleurs de votre petite entreprise ! Pour vous, c’est aussi un bon moyen de tester votre idée, votre concept, votre proposition de valeur auprès d'une communauté d'internautes et de commencer à communiquer sur votre projet (pensez à travailler votre nom, logo, slogan, avant de vous lancer 😉). Enfin autre avantage, une campagne de crowdfunding réussie va créer un effet de levier sur d'autres financements (prêts bancaires, subventions,...). Pour les plateformes de crowdfunding, le modèle est simple : à la création de votre campagne d’appel de fonds, vous estimez un montant à atteindre grâce aux dons. Si celui-ci est atteint, les comptes de vos financeurs sont débités des sommes qu’ils ont bien voulues vous donner et vous recevez les fonds. Si au contraire, votre objectif n'a pas été atteint, vous ne recevrez rien... D’où l’importance de vous impliquer dans la communication de votre campagne de crowdfunding, sur les réseaux sociaux, comme en réunion de famille ! De son côté, la plateforme prend une commission sur le montant des sommes récoltées (entre 5 et 12% en général) si vous avez atteint votre objectif bien sûr ! Côté statistique, en 2017, plus d'1,6 million de personnes ont permis de financer 24 126 projets (contre 21 375 en 2016) … Ça se tente non ?

Crowdequity : « l’argent va l’argent »

La Bourse, ce n’est pas pour tout de suite mais vous pouvez avoir envie d’ouvrir votre capital…

Pour cela, il existe le financement participatif en capital, aussi appelé crowdequity ou equity crowdfunding. Il permet une prise de participation en actions dans l’entreprise financée et une rétribution financière via les dividendes et la plus-value potentielle réalisée. Vos investisseurs deviennent alors vos actionnaires ! Vous touchez avec ces plates-formes, dont les plus connues en France sont Wiseed et Anaxago, non seulement vos amis, proches et relations indirectes qui pourraient vouloir soutenir votre entreprise, mais également tout investisseur potentiel qui souhaite placer de l’argent dans le marché des PME non cotées, avec une belle promesse de plus-value potentielle et les avantages fiscaux du « love money».

Les plateformes de crowdequity sont aujourd’hui encadrées par l’Autorité des Marchés Financiers et peuvent permettre de lever jusqu’à 1 million d’euros. Ceci dit, elles ne s’adressent pas à toutes les petites entreprises : elles nécessitent une forme juridique de société en actions (SA ou SAS), la publication de vos comptes, ainsi que les modifications de vos statuts et les convocations de vos associés en assemblée. En pratique, si vous souhaitez faire appel à ce type de financement, votre projet fera l’objet d’une présélection et d’un contrôle avant le lancement de l’appel de fonds.

Crowdlending : « prête du bien, on te le rendra ! »

Saviez-vous que les banques n’étaient pas les seuls organismes à pouvoir vous octroyer un prêt ? Vous connaissiez surement le micro-crédit ? D’un montant généralement inférieur à 25 000 € pour créer ou reprendre une entreprise quand on ne peut prétendre à un prêt classique, il est souvent délivré par un réseau d’accompagnement spécialisé et compétent comme France Active, ADIE, BGE Boutiques de Gestion ou encore la Fondation de la 2e chance. Vous connaissiez sans doute aussi le prêt d’honneur. Prêt personnel géré et instruit par des organismes ou des réseaux comme Initiative France ou Réseau Entreprendre, il est accordé à taux zéro et sans prise de garantie à un créateur ou repreneur d'entreprise en tant que personne physique, les fonds prêtés pouvant ensuite être apportés à l'entreprise pour financer son besoin en fonds de roulement (BFR) par exemple.

Mais connaissiez-vous le prêt participatif ?

Également appelé crowdlending, c’est une forme de prêt accordé aux entreprises, par des particuliers, avec un remboursement des intérêts étalé dans le temps (jusqu’à sept ans). Introduit en France en 2013 par Unilend, il rassemble aujourd’hui une quinzaine d’acteurs parmi lesquels Lendix, PretUp ou encore WeShareBonds pour les plus connus. Dans les faits, il faut que votre entreprise existe depuis au moins deux ans pour y prétendre notamment pour les prêts rémunérés. En effet, le modèle de participation de ces plateformes se rapprochent de l’épargne pour le particulier investisseur. Aussi, le montant du prêt rémunéré est plafonné par la loi et des organismes intermédiaires participent au remboursement des particuliers prêteurs en cas de défaillance des emprunteurs (autrement dit, si votre entreprise n’est pas en capacité de rembourser ce qui lui a été prêté…).

Selon une étude de KPMG publiée en 2017, le crowdlending, représentait 58,1% (soit 195,3 millions d'euros) de la collecte totale des financements participatifs, loin devant le crowdfunding (24,6% soit 82,8 millions d'euros) et le crowdequity (17,3% soit 58 millions d'euros).

Voilà de quoi faire avancer de nombreux projets ! Créer son entreprise à l’ère de l’économie collaborative a cela de positif : même si Harpagon était le frère de votre papa, vous n’auriez pas besoin de le solliciter pour trouver les quelques deniers manquants au décollage de votre beau projet !

Alors on fonce ?!

Par Gaëlle Roudaut
Crédits photos Pixabay

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