De la nécessité d’interrompre son travail

Savoir s'arrêter même quand on entreprend.

L’un des nombreux charmes de l’entrepreneuriat est incontestablement la grande liberté d’organisation de son temps ! Vous qui êtes entrepreneure, en passe de l’être ou qui envisagez de le devenir un jour…n’est-ce pas l’un des atours de l’entrepreneuriat qui vous (a) séduite ? Cet avantage, si souvent vanté, n’est pourtant pas sans risque…loin s’en faut.

Etre entrepreneure, c’est vivre son travail hors horaires imposées par un employeur ou une organisation. L’amplitude quotidienne de travail est dictée par son propre rythme et, évidemment, celui des clients, des partenaires et, plus largement, celui du secteur d’activité concerné. Cette absence de contrainte horaire imposée paraît plutôt séduisante sur le papier. Pouvoir démarrer ou terminer sa journée de travail quand on le souhaite, s’éviter autant que possible les transports en commun ou la voiture en pouvant éventuellement travailler de chez soi, ne pas avoir à rester au bureau juste pour faire acte de présence, pouvoir aller chercher ses enfants à la sortie d’école ou les récupérer en catastrophe s’ils sont malades, pouvoir travailler le soir après le dîner pour « récupérer » le temps de la « chorégraphie » du soir (devoirs, bain, manger, histoire.)… plutôt sympa non ?

Oui, mais… Si ce côté attrayant de l’entrepreneuriat existe bel et bien dans les faits, il doit aussitôt être contrebalancé par son corollaire : le risque d’épuisement inhérent à l’absence de cadre imposé. Autrement dit, côté pile, la souplesse. Côté face, la fatigue.

Laisser le travail prendre toute la place, basculer dans un travail « non-stop », non cloisonné et sans limite de temps n’est en effet pas rare pour une entrepreneure. Nous le voyons tous les jours en accompagnement : beaucoup se « crament » faute d’avoir bordé leur activité professionnelle : horaires à rallonge, difficultés à dire non, à s’imposer des horaires raisonnables ou à s’octroyer des vacances… l’entrepreneure fait partie des personnes les plus exposées au risque de burn-out.

Le travail n’étant plus borné dans le temps, la tentation de travailler toujours plus et de plus en plus longtemps est grande… Il y a toujours quelque chose à faire lorsque l’on est entrepreneure. On se réveille entrepreneure et on se couche entrepreneure. La « to do list » est illimitée… Qu’il s’agisse d’assurer l’opérationnel, le quotidien ou d’avancer sur des dossiers de fond, de s’occuper de sa gestion, de l’administratif, de sa vision, etc… ce n’est jamais terminé. On ne le dira jamais assez (notamment aux potentielles entrepreneures), l’entrepreneuriat est un (joyeux) puits sans fond.

L’entrepreneure n’a personne pour lui imposer de s’arrêter, de faire une pause, de couper ou de se reposer. Aucune injonction extérieure (hormis éventuellement le conjoint, les enfants ou les amis mais, avouons-le, ils ne sont pas forcément toujours entendus…). L’entrepreneure n’a pas à « poser » ou faire valider ses vacances ou RTT, elle les place quand elle le souhaite dans son agenda mais peut parfaitement les faire sauter aussi sec en cas de surcharge de travail. Elle est certes maître à bord, mais un maître sans limites extérieures. Sans tiers pour exiger qu’elle ne s’arrête, elle n’a pas d’autres choix que de se poser elle-même ses propres limites et garde-fous. Se connaître, savoir bien gérer son temps et s’autoriser (en lieu et place d’un employeur ou d’une organisation) à « couper » devient alors essentiel. Parmi ces limites et garde-fous : le temps de pause.

Interrompre son travail sans culpabiliserTemps de pause quotidien, coupure du week-end ou des vacances… savoir s’arrêter est I.N.D.I.S.P.E.N.S.A.B.L.E.

A l’instar du salarié ou de quiconque, l’entrepreneure n’est pas une machine. Oui, l’entrepreneure est (en règle générale) plutôt endurante mais cette endurance doit impérativement être contrebalancée par la conscience de la nécessité de recharger ses batteries. Souffler pour mieux redémarrer. S’extraire du travail parce qu’il est essentiel de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et de ne pas oublier qu’il y a une vie en dehors du travail. Investir l’ensemble des champs extra-professionnels et conserver un équilibre est une des clés des entrepreneures qui réussissent et qui durent. Pour cela, pas d’autres solutions que de se donner du temps. A soi, ses proches et ses envies.

L’entrepreneuriat n’est pas un sprint mais une course de fond. S’il est évident que les premières années (notamment celles de création pure et de recherche des premiers clients) réclament un rythme soutenu (ne nous voilons pas la face… exit les discours prônant un slow entrepreneuriat de démarrage. La réalité est là : l’entrepreneure n’a que très rarement 10 ans devant elle pour faire ses preuves et valider sa démarche, sauf à avoir un pécule de côté ou un conjoint ou une famille pouvant assurer ses arrières pendant un temps), l’instauration d’une bonne hygiène de vie constitue un des prérequis pour que son projet marche et que l’aventure dure le plus longtemps possible…

Il faut en effet savoir se « poser » (pour ne pas dire se « pauser ») pour recharger ses batteries. ET SANS CULPABILISER. La démarche n’est pas évidente pour une entrepreneure. En fonction du modèle économique choisi, le temps devient de l’argent comme le dit le célèbre adage. Oui ne pas travailler, s’arrêter peut être (parfois) synonyme de client raté ou de prestations perdues mais :

ce n’est pas systématique : prévoir à l’avance vos congés, prévenir les parties prenantes et mettre en place les bons canaux de communication digitaux durant votre absence (notamment en cas de vacances un petit peu longues) évitent la perdition de clientèle potentielle.

Faire une pause permet de reprendre de l’énergie pour y voir plus clair, pour prendre de la hauteur par rapport aux mois ou à l’année écoulée. C’est un temps de maturation pour éviter la saturation. Pour s’éviter la fatigue lourde et persistante empêchant de prendre les bonnes décisions ou d’être au meilleur de soi-même lorsqu’il est l’heure de donner un coup d’accélérateur. Personne ne peut tenir dans la durée sans repos. Prendre soin de vous et prendre des vacances, c’est aussi prendre soin de votre entreprise…à méditer…

En attendant, bel été ;-).

Par Marina Bourgeois

Crédit photos Pixabay

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