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L'entrepreneuse est-elle une sportive de haut niveau et vice-versa ?

Mental, ténacité, gagne, rigueur, résilience sont les qualités qu'une sportive développe tout au long de sa carrière. Pour réaliser ses rêves et être à la hauteur de ses ambitions, elle doit se fixer des objectifs atteignables. En cas de réussite, elle continue à tracer son itinéraire vers les étoiles (et les médailles). En cas d'échec, il lui faut indéniablement puiser dans ses ressources et développer une vraie résilience. Pourquoi les sportives sont-elles des entrepreneuses-nées ? Et comment leurs atouts sportifs sont de vrais acquis pour devenir cheffe d'entreprise ?

Les faits

En France, 3000 athlètes mettent fin à leur carrière sportive chaque année.

50% des joueuses et joueurs de football professionnels sont en faillite financière quelques années après leur parcours sportif.

60% des joueuses et joueurs professionnels de basketball US ont tout perdu cinq ans seulement après leur retraite sportive. (Sources : capital.fr/champions-sauf-en-affaires et lesechos.fr/la-reconversion-des-sportifs-un-business-dispute)

Retraite qui arrive généralement entre 30 et 40 ans (toutes sportives et sportifs confondus). À un âge où le développement personnel et l’épanouissement professionnel prennent une place fondamentale dans la vie, la plupart d’entre eux trouvent dans la drogue et l’alcool l’unique alternative à l’adrénaline que le sport de haut niveau leur procurait. C’est « la petite mort », explique Fernanda Arréola, enseignante-chercheuse à l’EMLV Paris, co-fondatrice de My Dual Project et spécialiste de la question sport/entrepreneuriat.

Pour comprendre le cheminement de carrière d’une sportive de haut niveau, nous avons interrogé Fernanda. Comme l’indique le nom de sa start-up, sa plateforme éducative ne fait pas de compromis ! Elle propose aux athlètes retraitées des formations en lien avec des futurs projets de reconversion, et ce dans une véritable dynamique entrepreneuriale. Pourquoi se concentrer uniquement sur les sportives et sportifs ? Fernanda, “sportive frustrée”, avoue-t-elle en rigolant, a toujours été une grande fan des médaillés olympiques, de ces personnes ayant eu une carrière exceptionnelle, félicitées par toute une nation, encouragées et médiatisées dans le monde entier. Mais toujours déçue de constater qu’à quarante ans passés, elles sont mises de côté et oubliées. Exaspérée par ce cliché de la sportive et du sportif « sans cervelle », Fernanda a souhaité montrer à ces entrepreneurs-nés leurs compétences, leurs atouts et comment ils peuvent s’en servir tout au long de leur vie.

"Dans la vie, on a la possibilité d’être bien plus qu’un métier ou qu’un diplôme."

Alors, les sportives seraient-elles un bon vivier d’entrepreneuses ? « Dans le sport comme dans l’entrepreneuriat, il faut apprendre à se vendre, constate Fernanda. Une sportive est une entrepreneuse naturelle. Elle doit trouver des solutions en attendant de se faire connaître, elle doit apprendre à se faire financer, à pouvoir vivre de son business correctement.»

L’objectif de cette jeune femme est de leur apprendre à croire en une entreprise et leur permettre de découvrir des compétences qui les aideront aussi après leur carrière d’athlète. « Connaître leur écosystème, le management, la levée d’argent auprès des sponsors, le marketing de soi et de ses compétences… Finalement, on retrouve chez la sportive tous les éléments que l’on retrouve chez l’entrepreneuse », explique Fernanda. Et d’ajouter : « La résilience ne s’apprend pas, elle s’éprouve chez l’entrepreneuse. C’est ça qui se débloque de manière naturelle car finalement, les sportives et sportifs sont toujours poussés à la résilience. Ils n’ont pas d’autre choix s’ils veulent un jour arriver à la victoire.»

témoignage laure rondeau desroches

"Apprendre de chaque défaite pour mettre en place de nouvelles stratégies."

C’est le quotidien de la sportive et de l’entrepreneuse. En effet, après étude de cette cible, de nombreuses caractéristiques se retrouvent dans les deux personnalités. « Elles ignorent bien souvent les ressources dont elles disposent. Elles ont ce manque, cette faiblesse de ne pas savoir reconnaître leurs atouts et leurs compétences », nous apprend Fernanda Arréola. Mais pour compenser, elles semblent avoir cette « capacité » incroyable « de changer rapidement leur attitude » pour adopter une autre stratégie. « L’auto-persuasion pour arriver au bout de leur but et la passion ! »

Tels sont l’ancrage et le socle sur lesquels l’entrepreneuriat et le sport sont fixés. Pour preuve, ces noms devenus symboles de réussite tant dans la sphère sportive que dans la sphère entrepreneuriale : Clémence Petit, cavalière émérite, a fondé la plateforme Equimov, le « airbnb » de l’équitation, présent dans onze pays. Sarah Ourahmoune, boxeuse, vice-championne olympique aux JO de Rio 2016, a créé Boxer Inside pour démocratiser ce sport. Ou encore Tony Parker et sa société Infinity Nine Promotion, qu’il décline en investissant dans différents univers tels que les placements immobiliers, deux clubs de basketball et, plus récemment, la station de ski Villard-de-Lans.

"Nous ne sommes pas limités par nos métiers. Nous sommes entourés par nos compétences."

D’après Fernanda, la dimension émotionnelle chez les sportives et sportifs est en général particulièrement importante. Mais elle est malheureusement très peu mise en avant. « Nous avons chez My Dual Project un accompagnement psychologique réel avec un module qui prévoit cette prise de conscience. » Il est en effet important d’analyser les compétences, les atouts mais aussi les pertes que présente tout être humain et notamment la sportive, ainsi que tout projet. Cette base permettra de prendre conscience de sa « perte acceptable » (ou affordable loss). « Dans tout projet, il faut accepter et savoir d’emblée jusqu’où on est capable d’aller en cas d’échec.» My Dual Project les aide à prendre conscience de ces risques et de leurs limites « acceptables ». Ils sont entourés, tout comme ils l’étaient durant leur carrière sportive. Tout comme l’entrepreneuse doit être entourée lorsqu’elle se lance dans son projet. Le but étant d’éviter à tout prix la solitude, la chute et la perte propre à l’entrepreneuriat et au sport de haut niveau.

« On dit souvent qu’un entrepreneur est fou mais bien au contraire, toutes les prises de décision sont souvent savamment réfléchies », déclare Fernanda. Et de conclure par la mission qu'elle s'est donnée : « Donner à des gens ⦋en l’occurrence ces sportives⦌ la possibilité de se reconnaître et de remonter un vrai projet…» 

Par Bérengère Soyer
Crédits photos Julie Blazewicz et Pixabay

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