Lundi 13 mars, la banque américaine SVB annonçait sa faillite après un bank-run massif de la part de ses clients. De nombreux médias s'alarmaient alors d'une contagion rapide à notre continent et de fait à nos établissements financiers et nos entreprises. Mais, en d'autres termes de quoi s'agit-il exactement ? Pourquoi cette annonce nous replonge dans la crise mondiale de 2008 ? Quelles sont exactement les inquiétudes à avoir (ou pas) ? Et comment cela pourrait nous impacter (ou non) nous directement, entrepreneur.e.s français.e.s et épargnant.e.s ?
La Silicon Valley Bank (SVB) en Californie, était jusqu'alors LA banque spécialisée dans le financement des start-up et de l'écosystème de la Silicon Valley et notamment de la tech. Créée en 1983, elle est devenue en quarante ans la seizième banque américaine.
Comment a-t-elle fait faillite en quelques heures ?
La Silicon Valley Bank était jusqu'alors, surtout spécialisée dans le capital-risque. C'est à dire dans le financement des start-ups qui se lancent ou qui cherchent à se développer rapidement.
Cette forme d'investissement est souvent à haut risque mais aussi à fort potentiel pour les investisseur.e.s. Cela signifie pour la banque, qu'elle prête aux entrepreneur.es. des montants très élevés de capitaux afin de financer leur démarrage, alors même que la rentabilité est de zéro. L'investisseur.e alors propriétaire de ces titres à la banque, peut gagner gros si la start-up se développe très vite. La banque peut elle aussi, gagner beaucoup d'argent. Toutefois, le risque est bien présent si la start-up périclite aussi rapidement.
Dans le cas de la Silicon Valley Bank, celle-ci était surtout réputée pour détenir des actifs (c'est à dire l'argent des investisseur.e.s) à long terme et à taux fixe. En sommes, si les taux des banques centrales, notamment ceux de la banque centrale américaine plus communément appelée Réserve fédérale américaine ou Fed, remontaient d'un coup, alors il fallait que la SVB rémunère les dépôts de ses clients en conséquence. Or depuis 2022, les taux d'intérêts ne cessent d'augmenter pour notamment faire face à l'inflation.
Ajoutez à cela, la crise que vit le secteur de la tech depuis plusieurs mois (licenciements en masse et baisse de la dynamique de croissance que les GAFA notamment avaient jusqu'à présent), les entreprises de la Silicon Valley ont dû, comme beaucoup d'autres entreprises du monde, revoir leurs budgets à la baisse et faire de nombreuses économies. Ainsi, elles ont, au cours de l'année écoulée, été contraintes de "prélever" dans leurs fonds existants...souvent déposés à la Silicon Valley Bank.
Ainsi, il devenait compliqué pour la SVB d'avoir ce qu'on appelle des liquidités. Elle a donc dû vendre en urgence ses propres actifs (titres, actions etc.) afin de récupérer ces liquidités. Il s'est donc produit ce qu'on appelle un "bank-run". C'est à dire une ruée bancaire des clients, qui, pris de panique, ont demandé à récupérer tous leurs dépôts d'argent. Logique ! La Silicon Valley Bank a alors subi une crise de confiance, le risque le plus sûr et le plus vieux pour une banque !
Est-ce que cette crise peut nous impacter en France ?
Contrairement à la crise de 2008 où la faillite de la multinationale Lehman Brothers a plongé le monde financier et le monde globalisé dans une crise sans précédent, cette fois-ci la faillite de la Silicon Valley Bank n'aura pas du tout le même impact sur notre économie européenne et sur nous, épargnant.e.s.
Depuis 2008 en effet, la règlementation bancaire et financière a été particulièrement encadrée et règlementée. Les banques sont très surveillées et les lois cherchent avant tout à protéger les épargnants et, de fait, l'économie globale. La Silicon Valley Bank est connue pour avoir grandi très vite et surtout pour avoir profité de l'allègement de la règlementation américaine sous le mandat de Donald Trump. Le président américain en effet, avait considérablement allégé la surveillance de ce type d’établissements régionaux, afin de faciliter le business américain. Chez nous, en France, il n'existe pas à proprement parler de banque spécialisée uniquement dans les start-up ou dans le monde de la tech. Le risque est dilué et un financement ne se fait jamais seul. Nos banques diversifient leurs investissements et donc notre argent d'épargnant.e.s. Il existe très peu de risque que nous revivions en 2023 ce que nous avons vécu en 2008, lors de la crise des subprimes.
Cet épisode anecdotique pour nous "commun des mortels", doit nous rappeler toutefois, combien notre monde est interconnecté. Nous en voulons pour preuve la clôture à la baisse de la bourse européenne lundi soir dernier après l'annonce de la faillite. Combien il est important, comme le rappelle l'expression, de "ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier" et ainsi diversifier nos financements et/ou nos investissements, qui commencent avec notre épargne.