Quelle forme prend la « pollution digitale » ?
Elle est selon nous tripartite. Nous distinguons la pollution environnementale, la pollution sociétale et la pollution intellectuelle.
Du point de vue de l’environnement, envoyer des mails, mal concevoir son site ou son application, le stockage des données, toutes ces actions émettent du CO2 dans l’atmosphère. Sans parler de l’impact environnemental de l’extraction des minerais nécessaires à la fabrication des appareils électroniques ainsi que le (non) recyclage.
D’un point de vue sociétal, la fabrication des appareils et l’extraction des minerais génèrent des conflits armés en Afrique. Il est probable que de tels conflits émergent aussi en Amérique de Sud, du côté de la Bolivie où l’extraction de lithium exploite les terres agricoles des paysans dans la Cordillère des Andes.
Enfin, intellectuellement, on pourrait parler des clivages sociétaux en France que le numérique creuse. Comme le fait que face à la Startup Nation, 5 à 6 millions de Français n’ont pas d’accès Internet.
Quel parcours vous a menée à créer cette ONG ?
J’ai créé ma première startup dans le numérique et l’art il y a une dizaine d’années à Hong Kong, j’étais très jeune. Puis j’ai travaillé dans plusieurs entreprises, toujours sur ces sujets. Les voyages et la lecture m’ont beaucoup guidée. Rencontrer des gens et les écouter, aussi. C'est une activité très enrichissante qui offre une perspective directe sur ce que les humains pensent, ce qu’ils veulent, mais également sur ce qu’ils pensent mal.
Quelle vision avez-vous du monde qui se transforme ? Qu’il s’agisse de la parole des femmes qui se libère, de la planète qui prend conscience du changement climatique, de la jeune génération qui veut faire entendre sa voix, etc.
Tout est lié. La nature n'est considérée que comme un arrière-plan, comme une chose qui vient en dernier, un peu comme les femmes. Ces dernières sont aussi les premières à souffrir des changements climatiques comme des conflits économiques ou des guerres. Elles sont les premières à se retrouver dans la précarité.
La jeunesse, grâce au numérique, est beaucoup plus informée que les générations précédentes au même âge. Les plateformes comme Twitter ou Instagram permettent de s’informer sur à peu près tout, même quand on ne l’a pas demandé. Les plus jeunes sont, de fait, bien informés de la réalité du monde et comprennent bien que ce sont eux qui paieront la note.
L’« empowerment » des femmes est une cause qui vous tient à cœur, comment une femme peut-elle trouver l’autonomie et la puissance par elle-même ?