Je viens du domaine marketing et de la communication. Il y a 25 ans, j'ai été responsable marketing dans des sociétés d'informatique. Puis j'ai travaillé en agence marketing spécialisée dans les nouvelles technologies. Je faisais du diagnostic, des études, des plans d'action et de la gestion multi-projets. Il y a 20 ans, j'ai eu l'opportunité de monter mon entreprise, principalement dans la recherche de données au travers d'enquêtes en ligne, d'entretiens qualitatifs, du benchmark, de la veille concurrentielle... dans le but d'apporter des éléments et des recommandations aux entreprises et à leurs responsables afin d'accélérer leur transformation et leur permettre de prendre eux-mêmes leurs décisions. J'ai créé Altamire.
Personnellement, j'ai constamment besoin d'apprendre et de me former. C'est un de mes leviers motivationnels et également une valeur ajoutée clé en tant que consultante et formatrice. Mon entreprise, je l'ai fait évoluer, ces vingt dernières années, en fonction du marché mais surtout en fonction de mes envies et convictions sur les futurs enjeux sociétaux. En 2002, je me suis installée en région Pays de la Loire après avoir eu beaucoup de clients en région parisienne. J'avais envie de me tourner vers l'environnement et le développement durable. Je me suis donc lancée dans une validation des acquis de l'expérience pour faire un master 2 (DEA). J'ai fait cela le soir, pendant les vacances ou les week-ends, à distance, en plus de mon entreprise. Rien n'arrive tout seul, je savais qu'il fallait que je travaille d'arrache-pied.
Mon mémoire portait sur la politique des entreprises et la contamination positive. C'est-à-dire sur le fait que lorsqu'on se lance soi-même dans un processus de changement durable, cela amène forcément d'autres parties prenantes à jouer le jeu et à faire évoluer leur propre organisation vers quelque chose de plus positif. J'ai continué vers un doctorat avec pour thématique l'entrepreneuriat au féminin dans le domaine du développement durable. Puis, au bout d'un moment, j'ai réalisé qu'en plus de mon entreprise et de ma vie de famille, cela devenait compliqué de tout gérer de front. Je ne suis donc pas allée jusqu'à la soutenance.
En revanche, toutes les compétences acquises et les rencontres faites pendant ces trois années m'ont permis d'ouvrir de nouvelles portes à mon entreprise. Notamment cette notion de développement durable que je pouvais proposer via des méthodologies, des études, des outils concrets, etc. J'ai donc continué à me spécialiser sur ce sujet en me formant à l'éco-conception, au bilan carbone, à la RSE, au capital immatériel, au design thinking et aux nouveaux modèles d'économie circulaire et j'ai orienté mon entreprise vers ces domaines.
Il y avait déjà quelques demandes des entreprises et des collectivités. Elles voulaient déjà comprendre comment la co-construction de solutions pouvait servir aux organisations et aux parties prenantes, dans une envie de changement positif.
Altamire, constituée de deux associés et d’un réseau d’experts de confiance, accompagne les organisations dans leur transformation durable qu’elle soit humaine, organisationnelle ou métier. Cet accompagnement se fait au travers de formation-action (Altamire est un organisme de formation accrédité), de coaching, de mission de conseil ou de facilitation auprès des chef.fe.s d’entreprise ou des dirigeant.e.s. Ma mission est plus spécifiquement orientée sur le développement durable, la responsabilité sociétale, l’innovation par les usages et les nouveaux modèles d’économie circulaire. Cet accompagnement est systématiquement réalisé au travers de méthodologies de co-construction intégrant les acteurs directs et indirects des organisations et en priorités les collaborateurs.trices.
Mais au-delà du conseil pur, que je fais finalement de moins en moins, j'apporte un regard extérieur avec toute mon expertise et mon expérience. Et surtout, je donne des outils concrets à ces organisations pour qu'elles deviennent actrices de leur propre changement. J'essaie d'avoir un regard "aiguisé" en disant ce que je pense et ce que je constate, et en proposant des axes de progrès ambitieux et réalistes. Ma posture d'accompagnement se veut constructive et valorisante. Le but est d'aller toujours vers le mieux.
Typiquement, quand on parle de développement durable, l'urgence doit être présente mais pas culpabilisante. Il y a une nécessité à se rendre compte des éléments factuels et concrets qui se passent en ce moment mais sans tomber dans le tétanisant et l'éco-anxiété. Le but est de faire bouger les lignes et non pas l'inverse !
Mon rôle n'est pas de faire culpabiliser sur les actions non faites ou celles qui pourraient aller plus loin, mais d'accompagner dans la prise de conscience et la mise en mouvement partagée. Je sensibilise, guide, soutiens mais je ne fais pas les actions à la place des entreprises et collectivités. La phase de sensibilisation est importante pour identifier ceux qui vont être plutôt des leviers, des suiveurs et même parfois des freins. Je pars du principe que c'est évidemment plus constructif de faire avec l'ensemble des collaborateurs.trices, mais en même temps on démarre la démarche avec ceux qui sont motivés et que les autres viendront (ou pas) ensuite dans le processus sur les thématiques qui leur parlent le plus et au moment où ils seront prêts . Être un accélérateur de transition mais sans jugement. Pour moi, une des clés de mobilisation est la prise de conscience de "pourquoi fait-on cela ?". Si on arrive d'emblée avec des injonctions en avançant des solutions toutes faites des faits, les personnes sont réticentes. On a tous quelque chose à faire à notre niveau, c’est le principe du colibri.
Peu importe ce que le diagnostic initial va faire ressortir de négatif. Il ne faut pas rester sur de simples constats mais agir. Le fait de "passer à l'action" et de devenir acteur, c'est cela qui va produire un changement de comportement. On supprime cette tétanie. On ne subit plus. On est dans l'action. C'est le principe des petits pas. On n'attaque pas d'emblée la montagne. On commence par une petite action puis une autre, puis encore une autre.
Le fait de se dire "moi aussi je peux agir", "j’ai les capacités à mon échelle de changer des choses", de se recentrer positivement sur soi et de visualiser les résultats attendus et les émotions que cela procure aident à cette mise en mouvement. Aujourd’hui, les apports des neurosciences, de la psychologie positive, des stratégies mentales font aussi partie d’une démarche responsable. Altamire sensibilise et forme ainsi les entreprises et collectivités à ces approches comme notamment les « techniques d’optimisation du potentiel (TOP) » car souvent avant de « changer le monde », il peut être bon de commencer par son « écologie de soi » et de gérer sa propre énergie pour durer dans le temps et être soi-même durable ! Mon mantra à moi, c’est la citation de Gandhi « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ». Je pense que la clé d’action de la responsabilité qu’elle soit des entreprises, des collectivités ou individuelle est là, tout simplement.
Sur la forme, il y a une définition officielle et même internationale de la RSE, notamment avec le référentiel ISO 26000. Sur le fond, il y a encore beaucoup de choses à faire. Ces dernières années, les organisations se sont focalisées sur les principales problématiques comme la gestion des déchets, l'optimisation des énergies, l’efficience des ressources, etc. Pour aller au-delà et répondre aux enjeux du changement climatique et à la nécessité de s’adapter aux évolutions, les entreprises commencent à réfléchir à de nouveaux business modèles, à l’économie circulaire ou servicielle (économie de la fonctionnalité et de la coopération – EFC). De nombreux projets émergent sur notre territoire. L’autre grande problématique, pour les entreprises, c'est d’être plus attractives auprès de leurs marchés et de leurs futur.e.s ou actuel.le.s collaborateurs.trices.
Il y a maintenant une vraie demande de la jeune génération pour que les entreprises soient plus responsables en externe comme en interne. Il ne s'agit pas simplement de mettre un babyfoot dans la salle de repos et que cela ne soit qu'un "vernis". Il faut avant toute chose que les entreprises jouent cartes sur table et définissent leurs valeurs profondes, leurs missions et leurs apports positifs à la société pour aboutir à un vrai contrat de confiance entre la ou le chef.fe d'entreprise et les collaborateurs.trices. Pour cela, le bien-être des équipes doit être pris en compte mais aussi le bien-être de la dirigeante ou du dirigeant. Cette dichotomie ne doit plus être existante. Pour qu'une entreprise aille bien, il faut que l'ensemble de ses acteurs soit bien sinon l'entreprise ne sera pas durable dans le temps.
Ce n'est pas parce qu'on commence que l'on va être exemplaire immédiatement. Il faut se mettre dans la bonne posture : on a le droit à l'erreur et cela va prendre du temps. Cela risque même d'être long pour que le changement s'installe et soit pérenne. En étant dans la co-construction, on accepte que nous sommes tous acteurs et qu'il faudra un peu de temps pour construire et mettre en œuvre des actions. Il y aura peut-être même des projets qui ne fonctionneront pas. Les solutions sont à trouver tous ensemble. Dirigeant.e.s, salarié.e.s, partenaires, clients et toutes les autres parties prenantes. Accepter aussi que ça peut être une démarche "sans fin" car en amélioration continue. On peut toujours se demander : "Comment je peux aller encore plus loin ?" Et là, on entre dans une démarche d'innovation sociétale, entrepreneuriale, etc.
Je ne sais pas si c’est l’organisation d’une entreprise qui est plus compliquée en soi ou plutôt les interactions de plus en plus multiples, la rapidité des échanges, l’hyper visibilité… C'est le monde dans lequel on vit qui l'est. On a beaucoup de sources d'information, de médias, beaucoup de renseignements accessibles à tous et de partout. Il faut donc faire la part des choses entre le pertinent et le moins pertinent.
Les entreprises qui travaillent sur ces thématiques du changement intègrent tous les acteurs de leur organisation. C'est cela qui peut aussi sembler plus complexe. Avant, on réfléchissait tout seul dans son coin. Aujourd'hui, au contraire, on écoute chacun et chacune. Ça prend du temps mais ça finit par simplifier les décisions et les projets. On finit par gagner du temps en se confrontant aux réalités et à la diversité du terrain. Toujours en étant dans une démarche honnête et non en voulant surfer sur un effet de mode bien sûr !
Comment j'adapte mon entreprise, ma collectivité, au changement climatique et à l'ensemble de ses conséquences économiques, sociales et environnementales. Comment je prends en compte le fait que je dépends d'une ressource qui diminue. Comment je passe, par exemple, à une économie de la fonctionnalité, c'est-à-dire une économie où on "achète" l'usage de quelque chose, où on n'est plus obligatoirement propriétaire d'une chose. Comment je coopère avec les acteurs économiques, institutionnels, la société civile de mon territoire, pour trouver ensemble des solutions efficientes et durables. Il y a forcément des secteurs où ce sera plus complexe d'amener du changement. Mais il y a toujours des petites choses à faire pour amorcer le mouvement. Ça, c’est mon côté positif.
Par Bérengère Soyer
Crédit photos Altamire, Florence Brunet-Chauveau
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