Fondatrice de LexHub, l'entrepreneuse/codeuse à l'École 42, envoie promener les clichés de son métier.
Nous avons rencontré Alexandra Gauthier-Point fin août, alors qu’elle revenait de son expérience dans la "piscine" de l’École 42, fondée par Xavier Niel. Dans la Silicon Valley où elle a, pendant un mois, appris à coder de manière intensive, elle s'est perfectionnée 14 heures par jour. Elle nous parle de son parcours d’entrepreneuse, de son aventure californienne et de l’importance, dans un monde ultra connecté, de comprendre les technologies qui nous entourent.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots : qui êtes-vous, votre parcours… ?
Je m’appelle Alexandra, j’ai 33 ans et je suis fondatrice de LexHub, une entreprise qui emmène des dirigeants en "learning expedition"*. J’ai toujours aimé voyager. C’est pourquoi, après mes études, j’ai décidé de partir aux Etats-Unis. J’y suis restée sept ans. En 2013, je suis rentrée en France, notamment pour être auprès de ma famille pendant ma grossesse. J’ai ensuite été embauchée dans une entreprise qui proposait des "learning expedition" à San Francisco notamment. C’est là que j’ai découvert ce concept. Une fois mon contrat terminé, j'ai eu envie de créer ma société. Mon idée était d’intégrer davantage de formations aux "learning expedition". Et de proposer d’autres destinations que San Francisco.
Parlez-nous de votre parcours entrepreneurial ?
Devenir entrepreneuse n’était pas un besoin profond. C’est à force de travailler avec des dirigeants et d’organiser les expéditions que l’idée s’est frayée un chemin dans mon esprit. Cependant, le fait d’être maman célibataire me bloquait. C’est une rencontre avec deux dirigeants français, qui a été le déclic. Ils avaient chacun monté leur entreprise alors qu’ils étaient tous les deux parents célibataires. Ils m’ont convaincue de sauter le pas. En définitive, il ne faut pas penser que l’entrepreneuriat est quelque chose de complètement inaccessible. D’autant plus qu’en France, il existe beaucoup de structures et d’aides, notamment pour les femmes. Même si l’aventure venait à prendre fin, j’ai tellement appris ces deux dernières années que ça vaut vraiment le coup.
En tant que professionnelle de l’immersion, vous avez décidé d’en vivre une en relevant le challenge de la "piscine" à l'École 42 de Xavier Niel… Pourquoi un tel défi ?
J’ai toujours touché du doigt le code et j'ai toujours aimé ça. L’aspect visuel, les résultats rapides... J’avais découvert l'École 42 en allant à mon premier CES (Consumer Electronics Show) à Las Vegas en 2017. J’avais beaucoup aimé le concept. Depuis, l’idée était restée dans un coin de ma tête. Le sujet est revenu cette année lorsque j'étais à New York et que j’avançais dans ma réflexion. Comprendre la logique du code donne le sentiment de ne pas être passive face aux technologies qui nous entourent.
Qu’avez-vous retiré de ce mois intense ?
Tout d’abord, ça m’a donné les bases du "C", qui est un langage informatique assez difficile. Le rythme était soutenu et le niveau augmentait chaque jour. Le système scolaire classique nous apprend à avoir des bonnes notes, mais pas à comprendre. Je m’étais donc fixé une règle d’or : ne pas écrire un code que je ne comprends pas et que je ne suis pas capable d’expliquer. Il m’a fallu beaucoup de persévérance, mais je crois justement que ça a été ma force.
Dans quelle mesure cette expérience a été bénéfique pour votre entreprise ?
Je crois à 100% au fait que lorsque l'on sort de son entreprise, on apprend le plus. Cela m'a servi de piqûre de rappel et permis de vivre à l’extrême ce que mes participants vivent pendant les "learning expedition". Je les pousse toujours à sortir de leur zone de confort. On décrit souvent l’entrepreneuriat comme des montagnes russes et j’avais besoin de revivre ces moments un peu angoissants. J’ai pu aussi développer mon réseau.
Comprendre l’informatique dans sa globalité, c’est selon vous une étape incontournable pour chaque entrepreneuse ?
Je pense que oui. Nous sommes tellement dépendants des outils informatiques que ne pas les comprendre crée une sorte de handicap. C’est pour ça qu’on pousse les jeunes filles à aller explorer cette branche-là.
Y avait-il beaucoup de femmes ?
Proportionnellement, non, peut-être 30%. Il y a encore du travail à faire à ce niveau-là, mais 42 souhaite créer un environnement plus accueillant et attirant pour les femmes.
Dans le web magazine, nous avons une rubrique “Ils s’engagent aussi”. Florian Benejean, votre conjoint, a-t-il joué un rôle particulier dans cette aventure ?
Il m’a apporté un soutien inestimable. Il est également entrepreneur, on se comprend bien, même si ce n’est pas toujours évident de trouver l’équilibre entre vie professionnelle et familiale. On a l’habitude de travailler ensemble et de se soutenir l’un l’autre. Il n’y a pas de « rapport de force ». En plus d’être entrepreneuse, mon métier est tourné vers l’entrepreneuriat, c’est donc une passion commune.
Finalement, quels conseils donneriez-vous à une femme qui aurait envie de relever un tel défi ?
Le conseil que j’aurais aimé qu’on me donne : « Tout ce que tu as appris avant, oublie-le. » On réapprend à apprendre et c’est très déstabilisant. Il faut se reposer, bien manger et faire du sport. C’est également important de garder une liste d’objectifs personnels. Garder pour objectif d’essayer, de comprendre et de tester. C’est cette persévérance qui fait la différence.