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Faire face à la crise économique, en pleine crise sanitaire. Nos questions à la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises du Maine-et-Loire.

Face à l’inédit, vers qui se tourner pour apaiser ses inquiétudes et ses doutes ? Parmi les innombrables annonces du gouvernement, les informations erronées et les nouvelles au jour le jour, les entrepreneures peinent à préparer l’avenir de leurs entreprises et parer au plus urgent. Alice Leclerc, secrétaire générale de la CPME49, a répondu à nos questions pour essayer d’y voir un peu plus clair et vous apporter des réponses concrètes.

Combien d’entreprises sont-elles concernées, au niveau local et national, par cette cessation d’activité temporaire ?

Je n’ai pas les chiffres mais tous les secteurs sont touchés et nous avons énormément de retours d’adhérents, au niveau local, qui ont été impactés directement par ces fermetures (dès le tout début du confinement). Et malgré tout, très rapidement, ils ont été réactifs en offrant leur aide et leur savoir-faire. Beaucoup de nos petites entreprises ont notamment proposé de fabriquer des gels hydroalcooliques, des masques, des plateaux-repas, etc. pour appuyer la solidarité nationale.

Comment la CPME49 s’engage-t-elle aux côtés des TPE/PME depuis le début de la crise ?

Nous sommes très présents pour nos cheffes et chefs d’entreprise depuis le premier jour du confinement. Quelques heures après le début de celui-ci, nous avons appelé tous nos adhérents, un par un, pour savoir comment ils allaient. Avec toute l’équipe, nous avons passé un peu plus de 250 coups de fil. Avant tout, nous voulions savoir comment ils se portaient, psychologiquement. Puis nous leur avons demandé s'ils avaient connaissance, ou non, de ce que le gouvernement allait mettre en place. Nous avons une commission Ressources au sein de la CPME49, composée d’un avocat, d’une experte en marketing, d’un expert-comptable et d’un commerçant. Nous voulions pouvoir leur offrir cette aide rapidement si besoin. Le but : être dans la technique et l’opérationnel au plus vite.

Nous avons également proposé une cellule de soutien. Le service communication de la CPME Pays de Loire étant très bien organisé, nous avons créé des webinaires sur des sujets très concrets. Nous mettons en place chaque semaine un Café D'stresse en ligne afin de pouvoir parler environ trois quarts d’heure et se soutenir les uns les autres. Notre rôle principal est l’écoute, pour que les chef·fe·s d’entreprise ne se sentent pas seuls dans cette crise.

Quels sont les premiers impacts que vous constatez depuis quatre semaines ?

L’impact est, avant tout, psychologique et économique. Face au choc, la question n°1 est : « Comment vais-je faire ? »

Les premiers dégâts d’ordre économique vont arriver fin avril, quand les trésoreries seront vides. Malheureusement, les entreprises qui fonctionnaient déjà à flux tendu vont être les premières à tomber. Malgré tout, nous travaillons étroitement avec la Banque de France ou le Tribunal de Commerce afin d’être mobilisés et aider au plus vite les entreprises qui le souhaitent ou qui en ont besoin.

D’un point de vue sociétal, il faut bien comprendre que nos petites PME et TPE n’allaient pas chercher à l’autre bout du monde ce dont elles avaient besoin. Les petites entreprises faisaient déjà travailler au maximum le tissu local. Toutefois, il faut comprendre que désormais, on ne peut plus avoir le même raisonnement qu’auparavant. Le sentiment d’appartenance à une région, à un département, à une localité, va être essentiel dorénavant.

Est-ce que les mesures prises par le gouvernement sont adaptées à toutes les entreprises françaises ?

Les premiers jours, les négociations avec Madame Pénicaud n’étaient pas forcément orientées vers les petites et très petites entreprises. Puis, au fil des discussions, nous avons, par exemple, réussi à obtenir que la prime de 1500 € soit versée dès 50 % de perte du chiffre d’affaire, au lieu des 70 % initialement prévus. L’enjeu était d’agir urgemment et ne pas trop réfléchir à mettre en place des actions.

Bien sûr, toutes les entreprises françaises ne rentreront pas dans les cases proposées par le gouvernement. Pour pallier cela, des relais sont mis en place, notamment dans les régions. En Pays de Loire, un fonds d’aide est mis en place. Nous avons la chance d’être dans une région forte et riche qui peut proposer cette aide à ses entreprises.

Globalement, nous sommes satisfaits de ce que nous négocions avec le gouvernement. Certes ce n’est pas suffisant par rapport à la perte économique mais il faut maintenant que des efforts de communication et de langage soient faits. Au début des annonces, les informations qui nous arrivaient n’étaient pas toujours les mêmes selon les différents ministères (ministère du Travail, ministère de la Santé, etc.). Nous nous battons actuellement pour que les choses soient un peu plus claires. Il existe encore quelques incohérences entre ce qui est dit et ce que l’on demande finalement et les situations changent si vite.

témoignage laure rondeau desroches

Quel est le meilleur conseil que vous donnez à vos adhérents ?

Prendre le temps de se poser un peu et de réfléchir. Penser aux prochaines décisions mais en prenant suffisamment de recul. Envisager la suite, l’après-confinement, mais en revisitant les choses. Il faut profiter de cette période inédite pour déconnecter. Ce temps de recul nous est imposé, alors autant le prendre aussi pour son entreprise et son fonctionnement. Réfléchir à son chiffre d’affaire, à ce qui fonctionnait ou ne fonctionnait pas. Le ou la dirigeant·e qui ne « prend pas la vague » de ce changement de comportement subira un nouveau revers lors du déconfinement. Nous avons confiance en nos TPE et PME car elles sont innovantes et réactives.

Vous, à la CPME, allez-vous changer certaines choses dans votre fonctionnement ?

Nous devons tenir nos promesses auprès de nos adhérents. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous « louper » dans cette période. De tout temps, « notre valeur ajoutée, c’est l’Homme ». Nous sommes déjà en train de penser à ce qui fonctionnait jusqu’à présent et ce qui ne fonctionne plus. Nos évènements, la manière dont nous rassemblons nos adhérents, la communication que nous leur proposons… Nous devons désormais aller à l’essentiel.

Un dernier conseil ?

Un·e chef·fe d’entreprise doit surtout croiser les sources, rechercher les infos dont il/elle a besoin et ne pas se fier uniquement à un discours. Encore plus en ce moment.

Article mis à jour le 13/04/20. Communiqué de presse du 14/04/20 de la CPME suite au discours de Monsieur Emmanuel Macron.

 

Par Bérengère Soyer
Crédits photos Pixabay et CPME49

 

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